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Publié par Compagnie du Bisse

Manifestement, le bloggeur est fatigué... Rassurez-vous, seul ce titre - dont même Vermot rougirait - et cette introduction sont de sa plume, si j'ose écrire.

Cet article inaugure une nouvelle rubrique que nous essayerons d'alimenter, par effet d'aubaine, en nous basant sur un objet, un accessoire, un artiste évoqué au cours de notre actualité théâtrale. Et parce que cet objet ou cette personne nous suggère d'ouvrir un peu plus la porte...

Vous allez comprendre aisément : Annick Courtois nous comble de bonheur depuis des années en nous offrant les décors de nos pièces, qu'elle réalise elle-même en les peignant, entre autres et en les assemblant avec Bernard Houal.

Cette année, c'est autour de Leda qu'a tourné sa réflexion et sa composition. Elle ne s'est pas contentée de la peindre : elle nous fournit aujourd'hui une brève et délicieuse histoire de cette mortelle séduite par Zeus, ainsi que quelques représentations (choisies par elle) faites au cours des siècles de cette scène très érotique.

Et tiens, pour finir avant de lui laisser la place, c'est "Autour de..." que se nommera cette nouvelle rubrique, à retrouver dans le bandeau du titre du blog

 

Leda selon Annick Courtois - Peinture réalisée par l'artiste pour la pièce de Feydeau : Les Pavés de l'Ours

 

Leda, une femme amoureuse et dangereuse.

Amoureuse.

La reine de Sparte est une des rares mortelles honorée (et quel honneur !) par Zeus, à ne pas être effarouchée à l’approche du roi des Dieux : tandis qu’elle se baigne dans le fleuve Eurotas, un cygne l’aborde, frémissant, apeuré, pourchassé par un aigle. Le stratagème concocté par Zeus et Athéna, pour abuser la belle jusque-là réticente, réussit car elle ne s’enfuit pas, bien au contraire ; Leda, n’écoutant que son bon cœur, accueille en son sein ce bel oiseau, pauvre cygne effrayé, qu’elle n’hésite pas à consoler… on connaît la suite.

Le mythe de Leda a inspiré de nombreux artistes.
Il y eut bien quelques frileuses interprétations parmi les mille et une variations du mythe qui représentent la belle affectant une fausse pudeur ou montrant un léger mouvement de recul. Elles sont rares. Dans la plupart des représentations, poteries antiques, peintures, sculptures, Leda s’affiche dans une pose impudique, érotique et abandonnée. Il est étonnant que Véronèse (1585) n’ait pas eu quelque embrouille avec l’Eglise et ses ministres, en peignant une Leda dans une posture fort intime et peu orthodoxe.

Leda - Véronèse

Boucher (1740), libéré des contraintes de la morale, nous la montre exhibant l’origine du monde, finement décrit.

Leda - Boucher (attribuée à)

(Il reste que cette peinture est attribuée sans certitude à Boucher ; la suivante, plus... , moins..., bref, vous m'avez compris, est clairement accolée à Boucher. Note de la rédaction)

Leda - Boucher

Et les artistes du dix-neuvième, même s’ils ne font que suggérer la situation, n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs : Klimt accentue l’érotisme en peignant un cygne noir qui s’approche délicatement d’une Léda faussement endormie et accroupie.

Leda - Gustav Klimt

Bref Zeus et Leda filent le parfait amour ; un bref instant cependant, car cet infatigable dragueur est pressé, il avait sans doute déjà repéré du haut des Cieux, une autre beauté.

Dangereuse.

De Zeus, Léda aura deux enfants. Mais lorsqu’elle le rencontre, le jour même, elle a connu Thyndare, son seigneur et mari, roi de Sparte, dont elle aura aussi deux enfants. 
Laissons de côté les diverses légendes autour des deux naissances : les plus célèbres sont d’une part les enfants de Thyndare, Castor et Clytemnestre, et d’autre part  les enfants de Zeus, Pollux et Hélène . 
Les deux garçons calmes et sympathiques n’ont pas créé de soucis, mais les deux filles, c’est une autre affaire ! Clytemnestre sera à l’origine d’un épisode fameux de la tragédie des Atrides, et la belle Hélène déclenchera la guerre de Troie. Sans oublier que Ménélas, l’époux  d’Hélène est le frère d’Agamemnon, le mari assassiné. La belle Leda est donc la mère de deux filles au destin porteur de catastrophes, l'une responsable d’un désordre sanglant, et l’autre, inconsciente, certes, dont la grande beauté entraîne la guerre de Troie. Et  comme il n’y a pas de hasard dans la tragédie classique, c’est Cassandre, ramenée  par Agamemnon, qui avait predit la défaite de Troie, inquiète à la vue de l’étrange cheval.
Voilà, en conclusion,  pourquoi  je souscris avec humour et respect à nos mythes fondamentaux, à la formule de Laure Adler, développée dans son ouvrage intitulé « Les Femmes qui aiment sont dangereuses ».

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